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EPUISE / EPUISE

vendredi 22 juillet 2011

11 députés votent le fichage de 45 millions d'honnêtes gens

11 députés votent le fichage de 45 millions d'honnêtes gens

Les députés ont voté hier en fin de journée, la proposition de loi relative à la carte
 nationale d'identité sécurisée. Cette carte nationale d'identité organise le fichage
administratif de 45 millions de personnes de plus de 15 ans en France. Une
proposition de loi qui aura été votée en session extraordinaire, un 7 juillet, dans un
hémicycle fort de 11 députés.

La future carte, gratuite, comprendra deux puces. L'une régalienne, avec les données
biométriques de la personne. L'autre sur option, afin de permettre aux internautes de
s'identifier en ligne via signature électronique même dans des opérations d'achat à distance.
« La carte nationale d'identité électronique, ce sont donc deux composants, pour une identité
mieux protégée et une vie simplifiée » résumera d'un trait, Claude Guéant.
La majorité parlera d'un fichage des potentielles victimes, l'opposition, des potentiels
délinquants. Guéant insistera : « sans fichier central, nous ne trouverons pas les usurpateurs. »

Une base centrale de 45 millions de personnes


La carte reposera sur une base unique et centralisée, la base TES, « titres électroniques
sécurisés » dans laquelle on retrouvera les informations concernant la personne. Cette base
est déjà utilisée par les passeports. Elle sera donc commune à ces deux titres, du moins pour
les personnes qui disposaient déjà d'un tel document... « Les personnes n'ayant pas besoin
d'un passeport et ne souhaitant pas donner leurs empreintes ­ hors enquête de police ­
pouvaient simplement demander une carte nationale d'identité. Désormais, il n'y aura plus de
choix : pour obtenir un titre d'identité ou de voyage, la collecte de données biométriques sera
systématique » expliquera le député PS Serge Blisko.
Ce texte « inscrit surtout notre pays dans une modernité positive, capable à la fois de
protéger et de simplifier la vie quotidienne de nos concitoyens » estimera pour sa part Claude
Guéant. Une inscription sur la durée puisque le fichage s'étendra sur 15 ans.

Exploitation pro active du fichage central

Le Sénat avait interdit que le fichier central puisse être utilisé en matière de recherche
criminelle, par exemple (fichage par « lien faible » entre les données fichées et les identités).
La technique du lien faible empêche l'identification automatique à partir de données
biométriques. Elle permet cependant de confirmer un lien entre une empreinte et un état civil,
si une vérification d'identité est nécessaire. La Commission des lois de l'Assemblée et les
députés ont estimé pour leur part que cette recherche devait au contraire être possible, sur
réquisition judiciaire. L'État pourra donc remonter à l'identité d'une personne à partir d'une
empreinte.
L'opposition fustigera le choix du « lien fort », « le fait que chaque empreinte soit reliée
directement à une identité » puisque cela « revient à créer un fichier exhaustif de la
population française ». Se dessine aussi un avenir sombre, comme « la possibilité de
reconnaissance faciale des individus dans la rue, dans les transports en commun ou lors de

manifestations ».
Sur ce point, Guéant admettra sans rougir que « la reconnaissance faciale, qui n'apporte
pas, à l'heure actuelle, toutes les garanties de fiabilité nécessaires, est une technologie qui

évolue très rapidement : on peut donc penser que, très bientôt, elle sera aussi fiable que la
reconnaissance digitale ».
Technique criminologique

L'opposition dénoncera aussi les données biométriques qui seront intégrées dans la « puce
régalienne ». Serge Blisko (PS) : « tous les citoyens seront désormais contraints de donner
leurs empreintes digitales à l'une de ces 2 000 antennes de police administrative que vous
avez décrites, monsieur le ministre. Il s'agira, en plus, d'empreintes très particulières. Je me
réfère aux auditions des hauts fonctionnaires du ministère de l'intérieur : il faudra donner les
empreintes de huit de ses doigts par la technique des empreintes roulées et non pas posées.
Elle est très différente de celle de l'empreinte posée car c'est une technique criminologique.
Nous ne sommes plus alors dans une démarche de reconnaissance d'identité, mais dans la
logique d'un fichier de recherches criminelles. Il y a eu un glissement. »
1984 et 1940 en 2011 et les honnêtes gens

Un glissement qui résonne : « la France n'a créé qu'une seule fois un fichier général de la
population, c'était en 1940. Il fut d'ailleurs détruit à la Libération » se souviendra encore le
député Blisko qui citera un extrait de la loi du 27 octobre 1940 de l'État français : « Obligation
de détenir une carte d'identité à partir de seize ans, comportant les empreintes digitales et la
photographie, et de déclarer tout changement d'adresse. Institution d'un fichier central de la
population et d'un numéro d'identification individuel. » Le fichier créé sous Vichy avait été
détruit à la Libération. « C'est donc bien depuis la période de Vichy que la France n'a pas
connu et n'a pas voulu un tel fichage de sa population. Je regrette que vous nous le
proposiez aujourd'hui, par le biais d'une proposition de loi ».
Le député Christian Vanneste (UMP) : « Ce n'est pas parce qu'il y a eu hier une dictature à
Vichy qu'il ne faut pas protéger aujourd'hui les honnêtes gens ».
Une puce « service en ligne » gérée par le ministère de l'Intérieur

Le groupe socialiste au Sénat s'est d'ailleurs interrogé sur le fait que cette deuxième puce «
services » soit gérée par le ministère de l'intérieur. Serge Blisko : « avez-vous besoin, en
qualité de ministre de l'intérieur, de connaître les habitudes d'achat et de consommation ou
les allées et venues de millions de citoyens ? Nous sommes là dans un monde tel que décrit
par Orwell dans 1984, et dont l'obsession du contrôle me semble hors de propos s'agissant
de la protection contre l'usurpation d'identité. Ce véritable problème ne demande pas un
déploiement stratosphérique permettant de tracer les déplacements et les achats des
individus ! »
Réponse de Guéant : « il est évidemment hors de question, pour le ministère de l'intérieur,
de s'immiscer dans le contenu des échanges commerciaux ou de chercher à en savoir quoi
que ce soit. Le ministère de l'intérieur n'interviendra que pour garantir la fiabilité du système,
sa sécurité, c'est-à-dire, d'une part, la sécurité des boîtiers électroniques et, d'autre part, la
sécurité des transmissions ».

La CNIL, l'étude d'impact et le Conseil d'Etat « hackés » par le gouvernement

Le PS a regretté que cette proposition de loi n'a pas été soumise au Conseil d'Etat pour avis.
« Le Conseil d'État sera bien sûr saisi de toutes les modalités d'application de cette
proposition de loi si elle devient une loi de la République » rétorquera Guéant, qui estime
donc suffisant l'intervention de la haute juridiction administrative après le vote de la loi.
La député PS Delphine Batho aura cette grille d'analyse : normalement les projets de loi,
déposés donc par le Gouvernement, sont assortis d'une étude d'impact. De même, ils
doivent être soumis pour avis au Conseil d'État. Et à la CNIL. La députée accuse donc le
gouvernement d'avoir fait porter le texte par deux sénateurs afin d'éviter ces trois étapes.
Alors que nous sommes face à un texte touchant à un sujet régalien, à l'ADN du ministère de
l'intérieur et au fichage de 45 millions de Français. « Le fait d'avoir opté pour une proposition

de loi permet d'éviter toute étude d'impact, tout avis du Conseil d'État et de la Commission
nationale de l'informatique et des libertés ».
Alors certes, le Conseil d'État émettra un avis sur le décret d'application, mais il sera vissé
dans son analyse par le contenu de la loi, qui est censée garantir les libertés individuelles.
Alors certes encore, la CNIL examinera tout autant le décret d'application, mais son avis
peut ne pas être suivi (cela avait été le cas avec le passeport biométrique). De plus son
avis sera enfermé par le champ de la loi.
Sécurité du système central ? L'exemple de Sony...et de TMG

« Que se passerait-il si le fichier contenant les empreintes digitales, ou, pis, les empreintes
biométriques complètes de millions de Français venait à tomber entre des mains
malveillantes ? » se demandera Lionel Tardy, qui rappellera la douloureuse aventure de
TMG ou de Sony.
Sécurité au niveau nucléaire

Pas d'inquiétude, répondra Guéant : « La future carte nationale d'identité informatisée sera
fabriquée, comme les passeports, à l'imprimerie nationale, dans un site classé « point
sensible » au niveau le plus élevé ­ le même que celui qui prévaut pour le classement des
centrales nucléaires. Quant au stockage des fichiers, il est assuré dans un lieu très sécurisé
du ministère de l'intérieur, gardé en permanence. L'agence nationale de la sécurité des
systèmes d'information a par ailleurs réalisé la recette technique de sécurité du système TES
et le président de la CNIL a engagé, en février 2010, une mission complète d'inspection du
système TES concernant le passeport biométrique, qui est le même que celui du système qui
assurera la gestion de la carte d'identité ». En commission des lois, on avançait qu'il était
même impossible d'intercepter les données inscrites sur la carte.
Une puce pour accéder au « réseau »

Enfin, toujours lors des débats, le député Tardy reviendra sur la puce optionnelle qui
permettra d'assurer un accès sur « les réseaux ». Tardy lui préfére le terme « service » pour
colmater une éventuelle brèche (devoir un jour lointain, s'identifier avec sa puce pour
accéder au réseau).

Philippe Goujon, rapporteur du texte : « Le terme « services » (...) couvre un champ trop
large. Pour utiliser une image, nous pourrions dire que puisque le réseau donne accès à des
services, il est une sorte de porte à laquelle frappent les individus. C'est à ce stade que l'État
garantit l'authentification de ceux qui se présentent à cette porte. Une fois celle-ci ouverte, ce
qui se passe ne concerne plus l'État ».
Serge Blisko regrettera au final cette procédure trop rapide pour un texte trop sensible : « Ce
texte aurait dû nous rassembler pour nous permettre de lutter contre une très lourde
délinquance, il n'aurait pas dû dériver vers cette vieille utopie des ministères de l'intérieur
successifs, un fichier certifié de toute la population pour avoir une base de données
regroupant pratiquement l'ensemble des Français ».
Le texte part maintenant en commission mixte paritaire pour gommer les différences existant
entre la version sénatoriale et celle des députés.

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